« La Comédie pontchâtelaine » de Pontchâteau (Loire-Atlantique)
Derouin jetant ses détritus de jardin par dessus la clôture, sur son voisin Nobet
ROBERT – Tu vas le continuer longtemps ton cirque ? Je te signale quand même que c’est pas marqué déchetterie sur ma clôture que je sache !
BLANDINE – Qu’est-ce qui se passe ? T’es quand même pas en train de te disputer avec monsieur Derouin ? Tu sais que j’ai horreur des conflits. Je ne supporte pas. Ca me rend malade !
ROBERT – Mais je vais te casser la gueule, moi, ça va pas être long.
SIMONE – Quelle benne ? C’est pas le jour des poubelles !
ROBERT – Vous allez me faire crever, toutes les deux !
JOSEPH- Péter ce putain de mur qui est tout de travers ! C’est lui la cause de tous mes malheurs. C’est le mur de la honte et le mur des lamentations à lui tout seul.
ROBERT- Cordeau ? Avec un nom pareil, si vous étiez venue m’aider, le mur aurait forcément été plus droit…
CHRISTINE – Pour l’instant on brosse le portrait des protagonistes, Monsieur Nobet. ROBERT – Hein ? Brosser le portrait ? J’ai pas demandé qu’on me brosse quoique ce soit moi !!
JOSEPH- La tête me tourne… J’vais ma casser la gueule… Au secours !… Au secours !
CHRISTINE – Insssspirez…Expirez tout va bien ! Inssssspirez (Elle saisit le pied gauche et Joseph descend peu à peu.) Poussez vers le bas Monsieur Derouin !
JOSEPH- Que personne ne bouge ! C’est un hold-up ! CHRISTINE- Un hold-up ? Mais vous êtes chez vous, vous n’allez pas vous voler vous même.
SIMONE – Ca l’a pris comme une crise de palu. Il s’est mis à trembler, à devenir aussi rouge qu’un gratte cul et il a balancé par dessus le mur, tout ce qui lui passait par la main. Je crois bien qui si je ne m’étais pas planquée, j’y serais passée aussi. Y m’aurait jetée en même temps que les cageots, cet abruti.
JOSEPH – Tu sais, Robert, j’ai bien cru que ma dernière heure était arrivée, ce tantôt, en haut de l’échelle…
ROBERT – Du Riesling vendange tardive ! Eh ben mon cochon. T’as pas une retraite de smicard, toi. (Regardant sa propre bouteille.) On n’a pas vraiment les mêmes valeurs. Moi j’ai que du pinot…
ROBERT – D’accord. Ben tiens, débouche la donc, à toi l’honneur. Pendant ce temps là je vais te débarrasser de mon bazar. Je vais mettre tout ce fatras dans le cabanon.
GERMAINE – Ignoble individu ! Esclavagiste ! Tu serais prêt à m’acheter pour un verre de pinard ! Et de la piquette en plus ! Radin ! (Prenant les autres à témoin.) Ah il est beau le déprimé a deux doigts du suicide, le forcené qui tire sur tout ce qui bouge, qui pleure dès que sa femme a le dos tourné et qui pense la faire revenir en offrant des pots de vin à son voisin ?
ROBERT – Alors vu les circonstances, je crois bien qu’on va en boire deux, des canons. – JOSEPH- Faut toujours aller par paire, c’est mieux pour l’équilibre. Regarde… nous…
ROBERT – Bon tu vas pas commencer à m’emmerder ! T’y vas et puis c’est tout ! On va pas se laisser humidifier comme ça !
ROBERT- Et alors ? C’est ma fille, j’ai le droit d’en dire ce que je veux. Mais toi, ça ne te regarde pas ! Est ce que je le critique, moi, ton petit flicaillon de fils, hein ? Est ce que je le critique, moi, le futur Cruchot avec sa tête d’oeuf dont un œil regarde Quimper et l’autre Vesoul
ROBERT- Tu vas avoir un bébé ? Y’ a un p’tit bébé dans ton ventre ? – BLANDINE – En général, c’est là que ça se met, oui.
ROBERT – Dictateur ! – JOSEPH- Voleur de terrain ! – ROBERT- Fainéant ! – TOUS – Ah non ! ça va pas recommencer !!!!!
Présentation de la troupe après son excellente prestation dans un magnifique décor et devant les deux auteurs, enchantés de leur soirée.