Sur un banc, près d’un mur d’où croulent des glycines,
Un vieillard est assis, perdu dans ses pensées.
Un enfant, passant là, qu’une idée turlupine,
Vient s’asseoir près de lui et se met à causer.
« Grand-père, dîtes-moi, pourquoi vos yeux ne brillent,
Alors qu’ils sont si clairs, si bleus, si transparents ?
On dirait… on dirait… tenez… deux de mes billes ! »
« Ils ont vu tant de choses », dit l’homme en soupirant.
« Grand-père, dîtes-moi, vos mains ne sont pas fines,
Elles sont sèches, tordues, ne cessent de trembler !
On dirait… on dirait… quelques vieilles racines !
« Si tu savais, petit, le travail qu’elles ont fait ! »
« Grand-père, dîtes-moi, pourquoi donc cette canne ?
Est-ce pour soutenir votre dos si vouté ?
On dirait… on dirait… une fleur qui se fane ! »
« Si tu savais, petit, le poids qu’il a porté ! »
« Grand-père, dîtes-moi, vous en savez des choses
Par vos yeux et vos mains et votre dos courbé ;
Je reviendrai demain, et peut-être, si j’ose,
Grand-père, je vous demanderai de me les raconter. »
L’enfant, le coeur en joie, des idées plein la tête,
S’en est allé, courant dans la blonde clarté ;
Il ne vit pas, au loin, tout près de la murette,
Sur les joues du vieillard, une larme couler.