(Sur l’air de ’Brave Martin » de Georges Brassens)
Avec son vieil habit de fête
Et sa fourrure en lapin blanc
Son petit chapeau sur la tête,
Ell’rend visit’ à ses enfants ;
Grand maman a perdu la tête,
Voyez donc son accoutrement ;
Et quand le repas s’éternise,
Lassée d’attendre le plat suivant,
Dans une torpeur , elle s’enlise,
S’inscrit aux abonnés absents.
Grand maman a perdu la tête,
Cela devient vraiment crispant.
A plusieurs questions qu’on lui pose,
Elle sursaute en souriant,
Elle demande un crayon rose,
Pour colorier sa vie d’avant.
Grand maman a perdu la tête,
Son état s’en va, empirant.
Ell’ parle de Paul et de Jeanne,
De François et de Gaëtan,
D’odeurs de foin et de badiane ;
De cerceaux et de cerfs volants.
Grand maman a perdu la tête,
La garder devient imprudent.
Dans un hospice pour gens débiles,
On la mit, sans perdre de temps,
De peur que des rumeurs hostiles,
Viennent gêner ces bons enfants.
Grand mèr’ perdait vraiment la tête,
Répètent-ils tous à l’encan.
Moi, qui ai bien connu la vieille,
Je peux vous dire cependant,
Qu’enfanc’et folie sont pareilles,
Pour des gens de quatre vingts ans.
Grand mèr’ n’a pas perdu la tête,
Mais ell’ redevient un enfant.