SIMEON – Je vous ai déjà dit cent fois que je ne pouvais pas parler de ça ! Cette espèce de vieille saloperie, elle m’a… elle m’a… elle m’a… J’arrive même pas à raconter ce qu’elle m’a fait cette vieille guenon !
SIMEON – La guenon ! FELICIE – Qu’est ce que tu viens de dire ?
JOSIANE – Si jamais il vient des poux sur mon vison, seigneur, mais qu’est ce que je vais devenir ? Tiens, ça y est, en voilà un.
FELICIE – Eh ben, j’ ferais pas ça tous les jours !
FELICIE – T’as de la chance d’être un vieux débris ! SIMEON – Moi, un vieux débris ! Alors que j’ai encore plein de beaux restes ! Mais je vais t’attaquer en diffamation moi, Félicie !
CHARLES – Et maman, tu as pensé à maman ? Sans coeur ! Tu imagines notre mère sur les routes, portant sa lourde valise crispée dans ses pauvres petites mains arthrosiques… OLIVIA – Tremblant sur ses pauvres petits pieds abîmés dans ses vieilles chaussures tout usées… JOSIANE – Plongeant dans les fossés boueux à la moindre alerte…
LUCETTE – Quelqu’un aurait-il, par hasard, croisé un pauvre concombre égaré ?
Quand Siméon et Félicie entendent des bruits, la nuit…
FELICIE – Mais qu’est ce que tu faisais debout à une heure du matin ? Tu ne serais pas venu forcer ma porte des fois, vieux satyre !
FELICIE – Il ne faut jamais réveiller un somnambule brutalement, il paraît que ça peut leur foutre un choc psychologique terrible. Et il n’a pas besoin de choc le Siméon, lui qui est déjà pas mal fêlé…
Madame TRUTET – On nous a volé nos nains de jaaardiiiin…
LEON – J’avais jamais vu un aussi gros scheik de si près.
JOSIANE – Et ta mère ? CHARLES – A chaque exode, les blessés et les vieillards restent sur le bord des routes pour ne pas entraver la retraite des troupes.
SIMEON – Faudra que ça serve pour la pension d’ Félicie… aussi !
Madame TRUTET – Ils sont r’venus, ils sont tous là, tous rescapés de ces voleurs, y a même Grincheux le nain râleur, avec un’ lettre dans ses bras ah ah ah… LEON – Avé Mari…i…ia !
SIMEON – Eh oui, j’étais dans la légion en ce temps là et… et… et je venais d’être blessé par des touaregs rebelles dans une embuscade. Je gisais là… baignant dans mon sang… les vautours commençaient à voler autour de moi… et je sentais ma dernière heure arrivée quand tout à coup, un visage de femme s’est penché sur le mien.